Ce n'est pas une fatalité


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - Ce n'est pas une fatalité irrémédiable - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Comment j'ai "vaincu" la maladie - - - - - - - - - - - - - - - - - - -



Avec un bon protocole de soin, un suivi, beaucoup de temps, une rééducation physique assidue et une volonté de s'en sortir, oui, le retour à la vie normale est possible !


Dans les articles vous pourrez lire mon expérience, mes impressions ; dans la page "Mon parcours" vous y retrouverez, entre autres, le suivi journalier du programme de rééducation physique, et enfin dans "Info pratiques" vous trouverez quelques démarches utiles et / ou nécessaires pour la reconnaissance de votre situation, de votre maladie et de vos droits.



Ce qui est enseigné en médecine

Dans cette page, je vais vous livrer, classer le résultat de mes recherches sur ce qui est enseigné dans les facultés de médecine, a propos de la fibromyalgie et le traitement de la douleur.

Vous y trouverez bien entendu ici, in extenso, les résultats publiés sous forme d'articles.

Article publié le 4 juillet  :

Cours sur la douleur / Seminaire : La fibromyalgie





La fibromyalgie : maladie ou syndrome ?

Jean SIBILIA
Service de Rhumatologie – CHU de Strasbourg
1, avenue Molière - Strasbourg

Depuis quelques années, le concept de fibromyalgie ne cesse de progresser mais il inquiète de plus en plus le médecin et son patient.Le médecin est inquiet car il ne comprend pas le vécu douloureux du patient, le mode d'expression de la douleur et la mise en échec presque systématique des différentes tentatives thérapeutiques.Le patient est inquiété par la perplexité du médecin qui s'acharne à mettre en évidence une anomalie biologique ou d'imagerie qu'il ne trouve pas. Cette inquiétude, entretenue par une incertitude diagnostique persistante, est le facteur essentiel expliquant les difficultés de la prise en charge de la fibromyalgie. Pour essayer de démystifier cette affection, il faut essayer de répondre à cinq questions principales.

1) Comment définir cette affection ?

La fibromyalgie se caractérise cliniquement par des douleurs chroniques musculo-tendineuses diffuses, associée presque constamment à une asthénie, des douleurs articulaires et des troubles du sommeil. Le cœur du problème semble être le syndrome douloureux autour duquel gravitent différentes manifestations fonctionnelles, organiques ou psychiques (4). Cela peut être représenté comme une cocarde faite de cercles concentriques qui définissent le spectre clinique de cette affection. Dans une situation assez similaire, le symptôme central peut être l'asthénie associée très souvent à différentes manifestations douloureuses et fonctionnelles. Dans ce cas, ce syndrome est appelé syndrome de fatigue chronique mais globalement, ces deux entités sont très proches.

L'expression, presque exclusivement fonctionnelle, explique qu'il est souvent difficile d'affirmer rapidement le diagnostic. Pour essayer de faciliter la démarche diagnostique, l'American College of Rheumatology, en 1990, a proposé deux critères : l'un décrivant la douleur, l'autre définissant 18 points douloureux particulièrement sensibles (Tableau 1) (1). Malgré le bien-fondé théorique de cette classification anglo-saxonne, il faut reconnaître que ces critères sont très peu spécifiques, ne reposant que sur une appréciation essentiellement subjective de la douleur. Ils ont eu certainement pour mérite d'essayer d'unifier des syndromes douloureux chroniques inexpliqués mais ils ont eu aussi l'effet pervers de créer une entité apparemment définie alors que ce n'est probablement qu'un syndrome. L'expérience clinique montre qu'il n'y a pas de critère diagnostique idéal mais la présentation clinique des patients est assez stéréotypée avec trois éléments dominants :

·Il s'agit de patient qui ont "mal partout", sans que ces douleurs revêtent une systématisation clinique particulière ou soit rythmées par un horaire particulier. Néanmoins, ces douleurs s'aggravent souvent à l'effort, rendant des activités quotidiennes très fastidieuses. Souvent, ce syndrome douloureux est un véritable état d'hyperalgésie rythmé par les gestes de la vie quotidienne (2; 4; 9; 10).
·Ce syndrome douloureux est presque toujours associé à une importante asthénie et à diverses manifestations fonctionnelles. Cliniquement, l'intensité et la diffusion de l'hyperesthésie, reproduite par palpation de la peau et des zones péri-articulaires sont caractéristiques mais il n'y a aucune autre anomalie objective.
·Les thérapeutiques antalgiques ou anti-inflammatoires les plus diverses sont mises presque systématiquement en échec, aggravant parfois les douleurs et se compliquant souvent d'une intolérance médicamenteuse.
Ces trois éléments, observés chez la plupart des patients, ne sont observés dans aucune autre affection organique bénigne ou maligne.

2) La fibromyalgie est-elle une maladie de la société moderne ?

Pour certains, la fibromyalgie a remplacé la spasmophilie et pourrait être un syndrome névrotique dont l'expression est propre à notre société. Les arguments habituellement avancés sont l'absence de fibromyalgie dans les descriptions médicales anciennes et surtout l'absence de fibromyalgie dans des populations socialement moins évoluées. En fait, la fibromyalgie est peut-être bien une entité propre aux sociétés occidentales mais elle est décrite depuis longtemps. W. Gowers a décrit en 1904 une entité comparable en l'appelant rhumatisme musculaire (8). Ultérieurement, d'autres noms ont été donnés à des entités proches : fibrositis, polyenthésopathie, syndrome polyalgique idiopathique diffus. Toutes ces appellations ont entretenu la confusion qui règne quand on parle de fibromyalgie.

3) Quelle est la prévalence et les caractéristiques épidémiologi -ques de ce syndrome douloureux ?

Sa prévalence est certainement importante mais elle varie selon les études. Elle est estimée à 0,8% en Finlande; 2% aux USA, 10,5% en Norvège. En France, nous ne possédons pas de chiffre précis, ni même d'estimation pertinente. Il s'agit d'une affection principalement féminine (70 à 80% des cas). L'âge de début se situe entre 20 et 55 ans mais la maladie peut débuter chez l'enfant ou à l'adolescence. Le plus souvent, elle est observée chez la femme péri-ménopausique. Il semble exister des formes familiales mais elles sont rares (3). Il semble aussi que ce syndrome fibromyalgique soit un motif de consultation de plus en plus fréquent, comme l'atteste une étude canadienne qui a montré que cette affection se place au deuxième rang des consultations, après l'arthrose (13).

En France, on semble observer un phénomène analogue avec des consultations de plus en plus fréquentes de sujets souffrant de douleurs diffuses chroniques et rebelles aux antalgiques usuels.

4) Quels sont les mécanismes pathogéniques ?

La fibromyalgie est un syndrome dont on ne connaît pas, à ce jour, la ou les étiologies mais différentes hypothèses sont évoquées. Schématiquement, deux conceptions s'opposent.

La "théorie organique"

  • Les partisans d'une hypothèse organique ont évoqué tour à tour une théorie dite périphérique mettant en cause le muscle ou l'enthèse mais dans l'état actuel des connaissances, il n'y a pas d'argument objectif dans ce sens.
  • L'hypothèse d'une origine neuro-endocrinienne, mettant en cause la sérotonine, l'hormone de croissance ou la mélatonine, a été évoquée mais avec des résultats extrêmement controversés qu'il est souvent difficile d'interpréter. Toutes ces perturbations, observées parfois tout à fait objectivement (par rapport à un groupe placebo), ne permettent pas de savoir s'il s'agit de la cause ou de la conséquence de ce syndrome. De plus, la découverte de ce type d’anomalie ne démontre pas forcément l'existence d'une affection organique car dans différentes affections psychiatrique, en particulier dans la dépression, on observe aussi des perturbations des médiateurs neuro-endocriniens.
  • La théorie la plus séduisante met en cause des perturbations des voies nociceptives. Différentes hypothèses sont envisageables, en particulier une modification de l'action des acides aminés excitateurs régulant les nocicepteurs centraux. Les plus étudiés ont été ceux qui agissent sur les récepteurs appelés NMDA (N-méthyl-D-aspartate) sans que l'on ait pu détecter d’anomalie véritablement spécifique. Ce contrôle central de la douleur, qui met en cause de nombreuses autres substances connues ou inconnues, est une voie de recherche passionnante qui permettra peut-être de résoudre l'énigme de la fibromyalgie.

La "théorie psychiatrique"

La deuxième conception est psychiatrique, suggérant que la fibromyalgie pourrait être une forme de somatisation entrant dans le cadre d'une affection névrotique ou parfois un syndrome dépressif masqué.

Cette hypothèse ne permet peut-être pas d'expliquer l'ensemble des manifestations de la fibromyalgie mais il a été démontré récemment, dans une étude particulièrement bien menée qu'un terrain propice à la somatisation favorise l'apparition d'un syndrome fibromyalgique après un traumatisme (11; 12). Néanmoins, cette étude démontre aussi qu'un certain nombre de patients caractérisés par un profil de somatisation ne développeront pas de douleur chronique, suggérant ainsi l'existence d'autres facteurs. Il est donc vraisemblable que la somatisation ou l'anxiété et la dépression sont surtout des facteurs amplificateurs de la douleur mais pas forcément des facteurs initiateurs (6; 7). En fait, il est vraisemblable que les syndromes fibromyalgiques soient des affections multifactorielles qui pourraient se caractériser par l'association de trois facteurs complémentaires dont le "poids" respectif peut varier selon les individus :

1)un facteur déclenchant qui est assez fréquemment identifié. Schématiquement, deux cas de figure sont observés :
·l'apparition d'un syndrome fibromyalgique après une affection virale, une borréliose de Lyme (en particulier en Alsace), un traumatisme physique et/ou psychique (souvent un accident de la route) ou au cours d'une affection immunologique comme une polyarthrite rhumatoïde, un lupus ou une sclérose en plaque est possible (5). Ce type d'association est certainement un facteur de confusion, rendant le diagnostic différentiel particulièrement difficile;
·il est assez fréquent d'observer des patients d'âge moyen dont les douleurs apparaissent à la suite d'un effort inhabituel. Initialement, la symptomatologie semble typiquement mécanique, liée à une ou plusieurs localisations arthrosiques, puis le tableau se pérennise, répond moins bien aux antalgiques et prend une ampleur disproportionnée.
2)Des facteurs "amplificateurs de la douleur" sont presque constamment observés. Il s'agit de stigmates de somatisation ou d'une composante névrotique anxieuse ou dépressive qui précède souvent l'apparition du syndrome douloureux. Ces facteurs modifient très certainement la perception et l'expression de la douleur. Fréquemment, ces facteurs semblent prendre de l'importance après une période de surmenage physique ou psychologique (5).

3)Des facteurs environnementaux et sociaux sont observés dans de nombreuses situations. Ils peuvent participer au développement et à la pérennisation du syndrome douloureux. Il s'agit assez souvent de difficultés relationnelles familiales ou des antécédents d'agression physique ou sexuelle au cours de l'enfance ou de l'adolescence. Ces éléments qui concourent certainement au développement des "facteurs amplificateurs de la douleur" sont difficiles à identifier au cours d'une première consultation dont l'objectif principal est d'éliminer une maladie organique. Souvent, lors de cette consultation, le malade ne souhaite pas aborder ces problèmes, préférant "l'échappatoire" d'une possible affection organique.

5. Quels sont les règles pratiques ?

Quels que soient les mécanismes pathogéniques, le syndrome fibromyalgique existe comme l'atteste le nombre de patients douloureux chroniques qui consultent, décrivant un syndrome douloureux chronique, assez stéréotypé. En pratique, différents points semblent importants à respecter.

1)Il faut savoir reconnaître la douleur et accepter qu'elle soit responsable d'un handicap, que le mécanisme principal soit somatique ou psychiatrique. La reconnaissance du symptôme semble être fondamentale dans la prise en charge de ces patients. L'attitude et le discours du médecin doit donc être adapté (9; 10).
2)Le diagnostic de fibromyalgie est un diagnostic d'élimination. En d'autres termes, il est indispensable d'éliminer toute autre affection douloureuse chronique organique mais aussi psychiatrique (Tableau 2). On assiste actuellement à un "débordement" qui est d'appeler "fibromyalgie" tout syndrome douloureux chronique apparemment non organique. En fait, c'est un abus de langage car bon nombre d'affections psychiatriques névrotiques ou psychotiques peuvent s'exprimer par un syndrome douloureux. Il convient de rechercher ces affections avant d'évoquer le terme de fibromyalgie. En pratique, toute fibromyalgie justifie un bilan complet pour ne pas méconnaître une affection chronique potentiellement curable.
3)Quand la fibromyalgie s'associe à une autre affection chronique (polyarthrite, lupus …), ce qui est observé dans 30 à 40% des cas, il est primordial de savoir distinguer les douleurs liées au syndrome fibromyalgique. Cette distinction aura le mérite de nous inciter à ne pas majorer de façon intempestive les traitements anti-inflammatoires ou immunomodulateurs qui n'ont habituellement aucun effet sur des douleurs de type fibromyalgie.
4)La prise en charge du patient justifie des explications claires qui doivent bien distinguer "ce que l'on sait et ce que l'on ne sait pas". Il est préférable d'expliquer au patient les limites de nos connaissances plutôt que de se "retrancher" derrière le terme "fibromyalgie" qui donnera au patient la conviction de souffrir d'une affection bien définie. Ce discours doit être rassurant puisqu'il n'existe pas de complication grave de ce syndrome. Il est nécessaire d'expliquer qu'il ne s'agit pas d'une maladie organique au sens classique du terme mais d'une maladie multifactorielle comprenant une part psychique. De ce discours découlera une prise en charge globale qui aura au moins le mérite de dédramatiser une situation souvent dominée par l'inquiétude d'un diagnostic de maladie sévère.
5)Dans la prise en charge de ces patients, il faut proposer une prise en charge psychologique et dans la mesure du possible, un contrôle antalgique médical acceptable. Si les antalgiques classiques n'ont pas d'effet majeur, ils permettent généralement "en passant un contrat avec le malade" de limiter l'expression de la douleur. Il est impératif d'éviter le recours aux morphiniques dont l'efficacité est d'ailleurs très modeste. En l'absence de donnée pathogénique plus précise tous les traitements adjuvants de la douleur peuvent être proposés : physiothérapie antalgique, acupuncture … Il faut reconnaître que beaucoup de ces mesures thérapeutiques n'ont pas démontré formellement leur efficacité mais elles apportent souvent un soulagement aux patients. Ces prescriptions doivent être raisonnées et justifient parfois un contact avec le médecin conseil pour expliquer une démarche qui ne répond pas forcément aux règles médicales habituelles de l'"Evidence Based Medecine".
6)Le suivi médical de ces patients est particulièrement difficile. En pratique, on observe souvent deux attitudes excessives. Dans certains cas, tout nouveau symptôme même banal entraîne la prescription de nombreux examens complémentaires souvent inutiles ou à l'inverse, de nouveaux symptômes sont mis abusivement sur le compte de la fibromyalgie. Il n'y a pas de "recette" mais le médecin traitant doit rester vigilant car l'histoire naturelle d'une fibromyalgie peut être émaillée d'affections organiques indépendantes. C'est certainement l'un des points pratiques les plus difficiles à maîtriser.

Conclusion

La fibromyalgie n'est vraisemblablement par une entité spécifique mais un syndrome qui regroupe des affections douloureuses chroniques caractérisées par un état d'hyperalgie.Dans l'état actuel des connaissances, personne ne peut affirmer détenir la vérité, c'est-à-dire comprendre avec précision les mécanismes.En conséquence, l'attitude la plus cohérente est certainement d'agir par élimination, en évoquant la possibilité d'une affection organique douloureuse puis de reconnaître et prendre en charge la douleur et son retentissement fonctionnel.Néanmoins, cette position n'est défendable qu'à la double condition que le médecin et le patient acceptent qu'il s'agisse d'une maladie multifactorielle invalidante, possédant une dimension psychique importante. Patient et médecin doivent accepter cette situation "de compromis" et d'attente grâce à un partenariat reposant sur un discours simple et direct et une relation de confiance malgré les difficultés de prise en charge de cette affection. L'espoir viendra probablement de deux directions différentes :
  1. une meilleure compréhension des mécanismes de régulation centrale de la douleur permettra peut-être d'envisager des traitements antalgiques originaux et adaptés ;
  2. une meilleure analyse et surtout une meilleure prise en charge des facteurs psychiques initiateurs et amplificateurs de la douleur permettra certainement d'améliorer la qualité de vie de nos patients.
Tableau 1 : Les critères diagnostiques de la fibromyalgie (American College of Rheumatology 1990) :
1)
Histoire de la douleur étendue : c'est-à-dire du côté gauche et du côté droit du corps, au-dessus et en dessous de la taille et, en plus, douleur du squelette axial (colonne cervicale, dorsale ou lombaire, paroi thoracique antérieure). La lombalgie basse est comprise dans la douleur du segment inférieur, et la douleur de l'épaule et de la fesse est considérée comme une douleur unilatérale.
2)
Douleur à la palpation digitale de 11 des 18 points sensibles suivants en exerçant une pression voisine de 4kg
  • occiput : bilatéral, à l'insertion du muscle sous-occipital
  • rachis cervical inférieur : bilatéral, sur les versants antérieurs des espaces intertansversaires C5-C7
  • trapèze : bilatéral, au milieu du bord supérieur
  • sus-épineux :bilatéral, à l'origine, au-dessus de l'épine de l'omoplate près de la limite interne
  • deuxième côte : bilatéral, à la 2ème articulation costo-chondrale juste à côté de la face supérieure de l'articulation
  • épicondyle : bilatéral à 2 cm en aval de l'épicondyle
  • fessier : bilatéral, dans le quadrant supéro-externe de la fesse dans le pli antérieur du muscle
  • grand trochanter : bilatéral au bord postérieur du grand trochanter
  • genou : bilatéral, près de l'interligne interne
Le point douloureux est considéré comme positif s'il est réellement douloureux et non simplement sensible. Le diagnostic de fibromyalgie est retenu si les deux critères sont réunis et si la douleur étendue dure depuis au moins trois mois

Tableau 2 : Les affections qu'il faut éliminer avant d'évoquer un syndrome fibromyalgique

1.
Infections chroniques :
  • Hépatites B et C
  • Infection par le VIH
  • Borréliose de Lyme
2.
Affections endocrino-métaboliques :
  • Dyskaliémie
  • Anomalie phosphocalcique :
    • hypophosphorémie,
    • ostéomalacie,
    • hyperparathyroïdie
  • Hypothyroïdie
  • Acromégalie
3.
Affections microcristallines et dégénératives chroniques :
  • Arthrose périphérique et rachidienne douloureuse
  • Chondrocalcinose
4.
Affections dysimmunitaires :
  • Syndrome de Gougerot-Sjögren
  • Polyarthrite rhumatoïde
  • Polymyosite
  • Lupus systémique
  • Pseudopolyarthrite rhizomélique
  • Spondylarthropathies
  • Sclérose en plaque
5.
Affections musculaires :
  • Myopathie primitive
  • Myopathie endocrinienne
  • Myopathie métabolique
  • Myopathie iatrogène
6.
Affections malignes :
  • Lymphomes
  • Néoplasies métastasées
7.
Affections psychiatriques :
  • Syndrome conversif
  • Syndrome dépressif
  • Mélancolie
  • Psychoses
8.
Affections iatrogènes :
  • Myopathie iatrogène douloureuse
  • Ostéopathie iatrogène (microfractures)
  • Autres syndromes douloureux iatrogènes (ciclosporine, rétinoïdes …)

Références

  1. American College of rheumatolgy. Criteria for the classification of fibromyalgie.Arthritis rheum 1990; 33 : 160-72.
  2. Bennett RM. Fibromylagia and the disability dilemma.
    Arthritis Rheum 1996; 39 : 1627-34.
  3. Buslika D, Neumann L, Hazanov I, Carmi R. Familial aggregation in the fibromyalgia syndrome.
    Semin Arthritis Rheum 1996; 26 : 605-11.
  4. Buslika D, Neumann L, Odes LR, Schleifer E, Depsames R, Abu-Shakra M. The prevalence of musculoskeletal pain and fibromyalgia in patients hospitalised on internal medicine wards.
    Semin Arthritis Rheum 2001; 30 : 411-7.
  5. Buslika D, Neumann L, Vaisberg G, Alkalay D, Wolfe F. Increased rates of fibromyalgia following cervical spine injury.
    Arthritis Rheum 1997; 40 : 446-52.
  6. Ciccone DS, Just N, Bandilla EB. Non-organic symptom reporting in patients with chronic non-malignant pain.
    Pain 1996; 68 : 329-41.
  7. Croft PR, Papageorgiou AC, Ferry S, Thomas E, Jayson MI, Silman AJ. Psychologic distress and low back pain : evidence from a prospective study in the general population.
    Spine 1995; 20 : 2731-7.
  8. Gowers WR. Lumbago. Its lessons and analogues.
    BMJ 1904; 1 : 117-121.
  9. Henriksson C, Liedberg C. Factors of importance for work disability in women with fibromyalgia.
    J Rheumatol 2000; 27 : 1271-6.
  10. Kaplan RM, Schmidt SM, Cronan TA. Quality of well being in patients with fibromyalgia.
    J Rheumatol 2000; 27 : 758-89.
  11. McBeth J, Macfarlane GJ, Benjamin S, Silman AJ. Features of somatization predict the onset of chronic widespread pain : results of a large population-based study.
    Arthritis Rheum 2001; 44 : 940-6.
  12. Winfield JB. Does pain in fibromyalgia reflect somatization ?Arthritis Rheum 2001; 44 : 751-3.
  13. Wolfe F et al. A prospective, longitudinal, multicenter study of service utilization and costs in fibromyalgia.
    Arthritis Rheum 1997; 40 : 1560-70.

Article publié le 07 juillet 2012 :

Dr Fabrice LORIN : Fibromyalgie: le point de vue du psychiatre

Dr Fabrice LORIN
Centre d’Evaluation et de Traitement de la Douleur
Hôpital Saint Eloi
CHU de Montpellier

Cours Faculté de médecine, Capacité Traitement de la douleur

"Mon Dieu, préservez-moi des douleurs physiques, je m’arrangerai avec les douleurs morales"
Nicolas de CHAMFORT (1741-1794)

Fibromyalgie et psychiatrie: y a t'il des liens et quels sont-ils? La question nous est souvent posée et fait l'objet de recherches actuelles. Nous souhaitons faire un modeste état des lieux basé sur une pratique clinique de psychiatrie de liaison en CHU.
La fibromyalgie est une nouvelle pathologie, articulée autour de deux symptômes cardinaux, la douleur musculaire et la fatigue. Elle est au carrefour de la modernité et elle est l’enjeu de discussions au sein de la communauté médicale. Les questions sont quotidiennement posées au médecin généraliste par des patients inquiets. Ils sont ensuite orientés vers le rhumatologue ou le rééducateur fonctionnel, le neurologue ou le psychologue et last but not least le psychiatre. C’est un sujet ouvert, quant à son origine, son étiologie, sa réalité factuelle puisque les bilans ne montrent aucune anomalie. Refusant de nous payer de mots, nous souhaitons approcher le coeur de la machine. La médecine était un Art mais au XIXème siècle, elle quitte le domaine artistique et veut devenir scientifique. L’absence de marqueurs objectifs biologiques ou radiologiques dans la fibromyalgie, renouvelle une prudence circonspecte. Enfin l’aspect médico-légal et la reconnaissance comme pathologie invalidante sont très discutés. Peu de psychiatres en réalité rencontrent ces patients. Notre expérience pluridisciplinaire au Centre d’Evaluation et Traitement de la Douleur du CHU de Montpellier, les nombreuses discussions avec mes confrères d’autres spécialités, nous poussent à ouvrir le débat sans tabou sans apriori ni dogme, dans le cadre de l’enseignement universitaire. Alors fibromyalgie et psychiatrie: quels sont les liens?
Au regard de l’histoire, la fibromyalgie, à l’inverse des autres pathologies, n’a pas d’historicité ancienne; c’est une maladie nouvelle voir quasiment anhistorique. Certes, elle était dénommée polyenthésopathie quelques années auparavant. Ce terme signifie « maladie des enthèses », c'est-à-dire ce lieu de transition histologique (tissulaire) entre l’os et le tendon, lieu d’attache intermédiaire, zone frontière, près de la border line. Elle est aussi appelée SPID Syndrome Polyalgique Diffus, parfois fibrosite.
L'OMS la reconnaît comme maladie rhumatismale « non spécifique »depuis 1992.

La prévalence est évaluée de 2 à 5 % de la population mondiale avec une prévalence de 3,4 % chez les femmes et de 0,5 % chez les hommes.
La définition est classiquement une représentation graphique des trois grâces.
Je ne reviendrais pas sur la description usuelle, la douleur diffuse depuis au moins 3 mois et les 11 des 18 points douloureux retrouvés à l’examen somatique. Par contre les symptômes secondaires sont intéressants pour le psychiatre. Les voici :
Troubles du sommeil: 85 à 90%, Asthénie: 89%, Troubles cognitifs: 87%, Syndrome anxiodépressif: 86%, Symptômes digestifs: 32% (Blotman: l’observatoire du mouvement, Novembre 2003)
Plusieurs pistes psychogéniques s’offrent au regard clinique du psychiatre : d’abord les liens entre fibromyalgie et hystérie, puis entre fibromyalgie et dépression, entre fibromyalgie et dysthymie et, enfin j’aborderai la neurasthénie de Beard.

1-Fibromyalgie et Hystérie
D’un point de vue clinique, les psychiatres et psychanalystes, avancent rapidement et (trop) facilement que la fibromyalgie est une expression moderne de l’hystérie. Le langage du corps et de la conversion hystérique épouse l’époque. Or l’époque est à la douleur. Le théâtre hystérique met donc en scène le corps fibromyalgique.
Pour parler d’hystérie, il faut opérer en deux temps. D’abord repérer la personnalité hystérique puis les symptômes de conversion.
La personnalité hystérique. Depuis des années, j’utilise la clinique décrite par Lucien ISRAEL, et les six signes qu’il a décrit avec finesse et pertinence :
1. Théâtralisme
2. Séduction/érotisation
3. Suggestibilité
4. Perturbation des conduites sexuelles
5. Infantilisme
6. Mythomanie.
Mais l’hystérie a disparu de la nosographie, effacée depuis le DSM-III, elle est démembrée en personnalité histrionique et troubles somatoformes. Alors qu’elle était décrite depuis l’Antiquité égyptienne et grecque, les experts l’ont supprimé. Nous reconnaissons dorénavant la personnalité histrionique.
Il s'agit d'un mode général de réponses émotionnelles excessives et de quête d'attention, qui apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes:
1. le sujet est mal à l'aise dans les situations où il n'est pas au centre de l'attention d'autrui
2. L’interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction sexuelle inadaptée ou une attitude provocante
3. Expression émotionnelle superficielle et rapidement changeante
4. Utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l'attention sur soi
5. Manière de parler trop subjective mais pauvre en détails
6. Dramatisation, théâtralisme et exagération de l'expression émotionnelle
7. Suggestibilité, le sujet est facilement influencé par autrui ou par les circonstances
8. Considère que ses relations sont plus intimes qu'elles ne le sont en réalité.
(American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996, 1056p)
Les distinctions sont subtiles mais je trouve la description sémiologique d’ISRAEL plus complète. Il aborde l’immaturité et les troubles sexuels sous-jacents. Les névroses ont disparus des classifications de maladies mentales DSM-IV et CIM 10. Il y a une discrète jubilation pour les thérapeutes à les voir resurgir sous d’autres aspects, ces entités soi-disant disparues. (La disparition des névroses annonçait-elle l’extinction des psys Old school ?)
Conversion hystérique et fibromyalgie : la fibromyalgie est-elle une forme moderne de troubles dissociatifs et de conversion ? Le terme de conversion a d’ailleurs survécu dans les manuels de DSM-IV et la CIM 10. « Dans les années 70 j’étais spasmophile. Maintenant j’ai 54 ans et je suis fibromyalgique » me disait une patiente. L'Hystérique peut faire ce qu'on appelle une conversion somatique ou une conversation somatique car le symptôme de l'Hystérique est langage (cf. Etudes sur l’hystérie de Freud). Les algies hystériques peuvent intéresser n'importe quelle partie du corps. Sans substratum organique, elles résistent à tous les antalgiques et sédatifs habituels. Les céphalées sont actuellement si fréquentes, embarrassant le praticien qu'il faut se demander si elles ne sont pas la forme la plus moderne de la maladie.
La description des algies hystériques est impossible, car il y a autant de formes que de patients. Elles surviennent seules ou avec un cortège d'autres symptômes. Elles se résument en une plainte qui ici encore, entraîne le refus ou l'espacement des relations sexuelles.
Dans les formes sévères, nous trouvons un mode de vie et une identité entièrement structurés autour de la plainte douloureuse que je nomme Lamentum doloris.
La psychanalyse a beaucoup apporté à la compréhension des phénomènes de conversion. Les études explorant l’imagerie cérébrale de la conversion hystérique sont encore rares. Cependant elles montrent que les bases cérébrales de la conversion sont différentes de la simulation (Spence et al.2000). De même l’imagerie fonctionnelle de la fibromyalgie est récente. Dans les deux maladies, l’aire cingulaire antérieure est hyperactivée. Mais cette zone est également très impliquée comme projection corticale principale dans les processus de douleur chronique. Nous sommes encore dans la préhistoire de l’imagerie fonctionnelle et les pathologies se superposent sur des zones aux limites trop imprécises. Notons également que la psychothérapie -dont la psychanalyse- montre un déplacement de cette hyperactivation de la région antérieure vers la région postérieure de l’aire cingulaire. Le Tep Scan objective les modifications cérébrales d’une prise en charge psychothérapique. En conclusion, dans ma pratique, je n’ai pas souvent retenu le diagnostic d’hystérie de conversion pour des patients fibromyalgiques. La personnalité histrionique est rarement retrouvée.

2-Fibromyalgie et dépression
Il ya trois types de symptômes communs :
L’asthénie, les troubles du sommeil et les troubles cognitifs
Dans la fibromyalgie, les patients décrivent une impression de très mauvaise qualité de sommeil avec une sensation de sommeil léger, agité et rempli de nombreux rêves. La durée totale du sommeil est raccourcie mais la latence d’endormissement est normale ou légèrement raccourcie. Par contre il y a une carence chronique en sommeil lent profond (notamment absence de stade IV).
Dans la dépression, le réveil est précoce, le patient présente des difficultés d’endormissement lors de manifestations anxieuses associées. Il existe une diminution de la latence du sommeil paradoxal.
Les troubles cognitifs sont présents dans la fibromyalgie à type de ralentissement idéique, et de trouble de la mémoire de fixation.
Toutes les études confirment la fréquence plus élevée d’épisodes dépressifs majeurs (EDM) et d’antécédents d’EDM chez les patients souffrant de fibromyalgie par rapport à la population générale.
L’existence de symptômes de détresse morale contribue de manière essentielle au comportement de recherche de soins et au handicap fonctionnel, psychologique et social lié à la maladie.
La très grande proximité entre fibromyalgie et dépression peut conduire à l’idée d’une même pathologie, d’autant que les antidépresseurs sont le seul traitement efficace. Une autre piste est de considérer la fibromyalgie comme un syndrome résiduel de dépressions récurrentes.
Cependant certains auteurs persistent à séparer rigoureusement les deux entités, afin d’affirmer la réelle autonomie de la fibromyalgie et sa reconnaissance en tant que telle. Nous leurs laissons le choix de cet avis, sans le partager.

3-Fibromyalgie et dysthymie
La dysthymie est un terme psychiatrique encore peu connu du grand public et correspond à ce que l’on dénommait autrefois « dépression chronique ». La définition est la suivante :
La dysthymie est caractérisée par un état accablant et chronique de dépression, manifesté par une humeur dépressive la plupart du temps, pendant plus de jours que l'inverse, pendant au moins 2 années.
La personne qui souffre de ce trouble ne doit pas avoir été pendant plus de 2 mois sans éprouver deux ou plus des symptômes suivants :
1-Faible appétit ou manger avec excès.
2-Insomnie ou hypersomnie
3-Faible énergie ou fatigue.
4-Faible estime de soi
5-Faible concentration ou difficulté à prendre des décisions
6-Sentiments de désespoir
Cette symptomatologie au long cours, invariante et monotone, durable et peu changeante, nous rapproche beaucoup de la fibromyalgie et nous éloigne pour le diagnostic différentiel de l’hystérie bruyante et labile, de l’épisode dépressif majeur de durée définie également réversible. La fibromyalgie comme la dysthymie sont des pathologies chroniques installées dans la durée. La plupart des psychiatres de liaison intervenant dans les services de rhumatologie, de rééducation fonctionnelle, d’algologie, au CHU de Montpellier, considèrent qu’il s’agit d’une seule et même pathologie. Il y a un abaissement considérable du seuil de la douleur dans certaines formes de dysthymie et cela recouvre en fait le champ de la plupart des fibromyalgies. Les projections corticales de la douleur et de la dépression sont très proches dans l'aire cingulaire antérieure. L'efficacité des antidépresseurs plaide également en faveur de cette hypothèse.

4-Fibromyalgie et Neurasthénie
Nous aurions pu nous arrêter là et conclure que fibromyalgie= dysthymie. Mais la relecture du psychiatre newyorkais le Dr George BEARD (1839-1883) et de sa description invention de la fameuse neurasthénie en 1868, nous a surpris par les points communs et l’actualité de son observation.
La neurasthénie de Beard :
1-Céphalées en casque « en galeatus »
2-Insomnie, cauchemars
3-Rachialgie et Hyperesthésie spinale avec plaques cervicale et sacrée, voir coccygodynie
4-Asthénie surtout matinale jusqu’à la clinophilie avec atrophie musculaire
5-Troubles dyspeptiques. Charcot dit: « L’affection de l’estomac complète le tableau »
6-Troubles de la sexualité: hyperexcitabilité génitale au début, éjaculation précoce: « Une simple course dans un omnibus mal suspendu sur le gros pavé des rues, détermine chez eux la turgescence du pénis pendant tout le trajet » puis impuissance. Chez la femme, perte du désir génésique voir dégoût
7-Asthénie psychique
8-Diminution de la mémoire
9-Indécision, aboulie
10-Préoccupations hypochondriaques
Si nous rappelons les symptômes secondaires de la fibromyalgie, évoqués au début de l’exposé,
Troubles du sommeil: 85 à 90%
Asthénie: 89%
Troubles cognitifs: 87%
Syndrome anxiodépressif: 86%
Symptômes digestifs: 32%
Nous constatons une superposition renouvelée entre la neurasthénie de Beard et la fibromyalgie. Il n’y a pas de découvertes, que des redécouvertes !

5-Douleur chronique et abus sexuel
Dans un effort psychopathologique, les études épidémiologiques mettent l’accent, à juste titre, sur les évènements de vie douloureux ou traumatiques vécus antérieurement. Dans la douleur chronique, les personnes ont très souvent vécu des situations traumatisantes avec le sentiment de ne pas pouvoir avoir d’aide ou d’espoir : « Helplessness »,
« Hopelessness ». Il y a parfois impossibilité psychique à établir un lien avec les traumatismes d’origine. (Wood et al. 1990)
Les femmes ayant des douleurs pelviennes chroniques ont fréquemment des antécédents d’abus sexuels (Walker et al. 1993)
Dans la fibromyalgie, l’anamnèse révèle souvent des antécédents d’abus sexuels, d’abus physiques, de traumatismes émotionnels violents ou encore de négligence par le parent (1997)
20 % de patients douloureux évoquent des abus sexuels de l’enfance avec une nette prévalence pour les femmes =39 %, hommes =7 %. (Wurtele et al. 1990).
Mon expérience au Centre Anti-Douleur du CHU de Montpellier, trace la permanence d’histoires de vie très perturbées, avec carence affective ou abandon, syndrome de négligence parentale, absence de holding (tenue, soutien) maternel, abus sexuels ou physiques etc.

6-Phrases de patientes
« J’ai la fibro-spasmo et bataquère…comme si on m’avait passé un rouleau compresseur »
« La fibromyalgie ça brûle partout, je suis intouchable, même les seins »
« C’est comme un essaim d’abeille qui me brûle et me pique souvent là ou des fois là; et je suis fatiguée surtout le matin »
« Quelque chose me grignote la nuit, plus que des fourmillements, le dessus des jambes, ça me brûle; c’est cette fameuse fibromyalgie. C’est amélioré par les teintures-mères de l’homéopathe ».
« J'ai des brûlures sur tout le corps, comme si j'avais un zona de la tête aux pieds.

Conclusion
Les liens entre fibromyalgie, dysthymie et neurasthénie sont patents. La fibromyalgie est considérée comme une maladie douloureuse chronique. En allant plus loin,c'est une maladie du système de contrôle de la douleur, en somme une maladie de la douleur, que je nomme algopathie. Le fameux seuil de la douleur chez un individu, est abaissé en raison d'une histoire de vie difficile, de stress, de tendances dépressives, d'accidents somatiques intercurrents etc. De plus, dans la fibromyalgie, il y a une hyperlexialgie: une augmentation inflationniste de la lecture de la douleur corporelle. Les deux néologismes que je propose, algopathie et hyperlexialgie, sont en concordance avec les données de l'imagerie cérébrale fonctionnelle.

Interrogeons-nous sur la question de la question (?) même de la fibromyalgie. Oui, elle est langage du corps et oui elle entre dans ce no mens land des « Troubles fonctionnels ». Elle peut en être un modèle. Alors faut-il donner un nom aux troubles fonctionnels ? Et pourquoi l’Homme a-t’il ce besoin de nommer ?
Depuis Aristote et Hippocrate, la taxinomie ou art de nommer, est le premier outil scientifique. La taxinomie se démocratise avec Internet, la transparence est de rigueur, autrefois le Lafrousse Médical était sur la cheminée ou dans la bibliothèque. L’usager doit savoir. Alors nous créons de nouvelles terminologies. Mais pourquoi nommer et désigner ? Le diagnostic médical sécurise. Face à la peur de mourir, il apporte un apaisement, une identification, une tribalisation du malade. Les sites web sur la fibromyalgie ont cette fonction. Plus généralement les forums médicaux sont des lieux d’échanges, d’informations, de solidarité, de soutien, de conseils, d’expressions, de réassurance et d’anxiolyse. Le site Internet est le nouveau totem de tribus. Mais pour le professionnel, le diagnostic psychiatrique est réducteur. Il entrave le travail psycho-dynamique car nommer c’est réduire et limiter, faire une médecine jivaro. Faut-il dire à une patiente fibromyalgique, que son problème est psychologique ? Et l’envoyer chez le psy au forceps? Nous sommes au cœur d’une alternative : l’interprétation et la proposition peuvent être vécues comme une libération et une ouverture ou comme une intrusion et un inaudible intolérable. « On me dit que je suis pour le psy, mais je ne suis pas folle, j’ai vraiment mal partout, et en plus on ne me croit pas ! ».
Les philosophes grecs nous ont transmis une grande sagesse dans l’appréhension de la douleur. Le poète latin Ovide, en exil loin de Rome nous dit : « Accueilles ta douleur, tu apprendras d’elle ».

2 commentaires:

  1. pas étonnant que nous ne sommes pas reconnus à notre juste valeur, en lisant des conneries comme ça , les malades et moi meme en tant que présidente d'association je trouve honteux de lire de tels propos sur cette maladie, !!!!!! honte à vous

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  2. Merci Anne Honyme de votre commentaire bien senti.

    N'étant qu'un humble malade, patient de surcroit, je ne peux que me plaindre moi aussi de "l'inefficience" du corps médical au regard de notre pathologie la Fibromyalgie, et je pense que c'est exactement la même chose pour toutes les pathologies.
    Toutefois, je pense que l'on peut se réjouir tout de même que notre pathologie est désormais enseignée dans le cursus des futurs médecins.

    De quel droit, de quel titre, de quelle qualité, puis-je tirer mon jugement infaillible dans quel que domaine que ce soit ! Enfin, j'ajouterai que si je suis l'humble secrétaire d'une compagnie d'arc, je ne prétends pas tout savoir sur cette discipline et je ne me crois pas apte à critiquer les performances de nos archers aux jeux olympiques ....

    Anne Honyme, chacun peut s'exprimer sur ses croyances, pensées ... la critique est bienvenue lorsqu'elle est constructive et que l'on ne cède pas à l'emportement verbal, qui, lui est source de batailles stériles de mots contre maux !

    Quwill, fibromyalgique, simple adhérent d'une association de malade !

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